mercredi 26 novembre 2008

Témoignage

Il est arrivé un peu par hasard en Suisse : il voulait juste que le bruit des armes à feu cesse de résonner dans ses oreilles, ses jours et ses nuits. Il voulait juste pouvoir sortir de chez lui sans craindre un attentat, rester chez lui sans craindre une intrusion. Sa maman l’a béni avant qu’il ne parte : elle pleure à chaque rare échange téléphonique.
Pis lui, attribué au canton de Vaud, s’est essayé dans de nouvelles relations. Consigné au centre de Vennes, il l’a fuit avec application pour éviter ces miroirs présentés par d’autres jeunes hommes parqués comme lui. Déménagé à Bex, il a essayé d’entrer en contact avec des Suisses. Petit à petit, il a essayé de construire des relations juste normales. Il s’est appliqué avec ses quelques mots de français appris ici et là. Il voulait s’inscrire à un cours de langue, même s’il n’en avait pas le droit. Il se sentait soutenu.
Puis, un jour, sans trop bien comprendre pourquoi, il a été encore déménagé. Avec non plus une modique somme pour se nourrir, mais des repas distribués à heures fixes. Et s’il n’y est pas, rien.
On se rencontre à la gare : il s’est présenté au contrôleur avant de monter en train, lui tendant ses papiers en gage se sérieux, lui expliquant qu’il était attendu par quelqu’un qui allait lui payer le billet. Un contrôleur coopérant, humain a eu confiance en lui. Il pleure en le remerciant.
Il me regarde et me glisse: ma maman, pas aimer voir toi payer pour moi, pas comme ça. Le contrôleur l’entend et lui donne la somme que je viens de régler.
Le train repart, il continue son trajet.

Witness

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